Anatomie du désir

Anatomie du désir

Objet inclassable, présenté dans Le Grand Panopticum Anatomique, Anatomie du Désir nous invite à capter les forces invisibles qui animent notre désir, à travers un voyage sensoriel qui commence par une expérience culinaire dans le noir total. À travers « l’Être » au-delà des genres, dans un corps sans dedans ni dehors, un corps cosmique sans limite, cette performance subversive concoctée par Boris Gibé, dissèque les couches de notre inconscient du microcosme au macrocosme.

– CIRQUE MÉTAPHYSIQUE –
Création 2023
Spectacle sous chapiteau ou en salle

Boris Gibé ouvre grand le champ du cirque à la métaphysique, aux arts visuels et aux espaces insolites. C’est son cadre de jeu et depuis longtemps. Avec Anatomie du désir, il creuse davantage encore son sillon, explorant les ressorts de nos pulsions enfouies pour mieux les exorciser.  On entre dans une architecture panoptique, créée sur le modèle du théâtre des apprentissages anatomiques des médecins d’antan. Là, après un long moment dans une nuit d’encre, nos yeux s’ouvrent sur une Vénus de cire, qui telle une poupée démembrée, attend, ventre ouvert, yeux levés vers le ciel. D’emblée le spectateur est happé par cette résurgence rance du désir masculin, entre fascination et répulsion. Qu’attend cette Vénus, archétype du féminin directement sorti d’un musée ?  Nous sommes à quelques centimètres seulement de cet obscur objet du désir, alors comment échapper à cette position voyeuse à laquelle semble nous condamner le dispositif ? 
Lentement, Vénus s’éveille, d’objet elle est en train de devenir sujet, le regard tourné vers un Cosmos prometteur de son émancipation. Pour ce faire, elle aura traversé mille états de conscience, se réappropriant son propre désir pour préférer à la mécanique triviale des corps, la chimie des lois universelles de l’Attraction cosmique. Au-delà des apparences de genre. Nous, spectateurs, suivons le voyage de la poupée qui prend vie, immergés dans un flot d’images sublimes, de boucles sonores qui tordent le temps, de mots mystérieux qui accompagnent la métamorphose.
Que la métaphysique nous soit étrangère ou non, Anatomie du désir résonne de nos enjeux contemporains. L’Homme échappera à sa condition guerrière mortifère – dont le patriarcat est un avatar – en se réconciliant avec l’Univers qui l’entoure et le contient tout entier. Une pacification qui passe par l’acceptation de notre appartenance à ce grand Tout, plutôt que par la dénégation ou la domestication de ses forces.
Anne Quentin

SYNOPSIS ET INTENTIONS

Les spectateurs sont installés dans le noir le temps d’une expérience culinaire à l’aveugle à l’intérieur d’une étrange architecture aux allures d’un grand Panopticum Anatomique.
Une expérience particulière qui sensibilise tous nos sens au spectacle qui va commencer.
Ce prélude joue sur nos troubles perceptifs, l’apparition progressive de la lumière à son intensité la plus infime laisse place à un ballet d’étincelles et de particules luminescentes en apesanteur : L’illusion du cosmos, la sensation pour le spectateur d’être « dans l’image » avec comme seul repère visuel les points lumineux qui circulent autour d’eux, reconstituant un micro Big-Bang.
Nous nous jouons ensuite du mythe de Vénus. Une écume phosphorescente éclaire les contours floutés d’un corps de femme nue. Un corps céleste en lévitation, offert au regard d’un public rassasié.
Une Vénus en suspension, un corps désincarné comme une « coïncidence de la vie et la mort ; de l’être et du néant ». Image de la beauté, chair désirée, immaculée, magnifiée, Vénus représente l’approbation de la vie jusque dans la mort.
De l’érotisme à la « Petite mort » dirait Georges Bataille, l’instant où le désir de transgression fait apparaître la limite et au même moment la nostalgie de l’enfance perdue. L’âme ventriloque de Vénus enfermée dans son propre corps se fait entendre par bribes, un chant discontinu s’échappe d’elle-même… Vénus, déesse de l’amour, la femme la plus regardée à travers les siècles ouvre enfin les yeux : désormais, seuls ses yeux nous parlent, rien d’autre ne bouge. Vénus offre son regard à qui veut l’accueillir, un regard bienveillant, le regard d’une vieille âme à l’apparence éternellement jeune. Étrange objet du désir qui transgresse les saveurs du goût, de l’appétissant au charnel et du charnel à l’étrange, les registres glissent du corps céleste au corps anatomique. La conscience de Vénus disparaît un temps, laissant place à un corps de cire. Un corps aimanté, dont l’épiderme frémit, dressant le duvet de poils quasi invisible qui la protège. Des instruments chirurgicaux glissent comme par magie autour d’elle, se déplacent sur son corps dans une caresse métallique. Un corps électrique, une gymnastique du visage s’empare de Vénus, des micro-mimiques, expressionnistes, dissociées et fulgurantes, racontent avec humour une Vénus consciente de sa condition. Vénus trace les contours de son buste et l’enlève. Toutes les pièces organiques du puzzle s’échappent de son corps : le foie, la rate, le cœur, l’estomac, les intestins s’envolent…
On ne sait plus si on assiste à la remémoration d’un mythe, à une veillée funèbre, à un rituel religieux, une séance de dissection, un freak show de prothèses ou à un festin cannibale. L‘audience attablée devient un théâtre anatomique surréaliste où les organes manipulés font leur striptease.

Les figures de Vénus sont donc au cœur de notre projet. Éternellement naissante ou mise à mort, la nudité apparaît toujours plus innocente, plus vierge, face à la cruauté qui la cisèle, et en même temps la condamne toujours à être persécutée par le regard du spectateur.
Difficile aujourd’hui de porter un regard sur cette femme cisaillée qui fut mise en scène à l’époque comme la muse de l’assemblée sous le regard des hommes de science ou dans les entre-sorts forains comme une bête de foire lascive et endormie.
J’aimerais ainsi accompagner un autre regard sur ces corps anatomiques de femmes qui traversent les époques chargées de leurs esthétiques et leurs éthiques.
J’aimerais redonner le plein pouvoir de l’objet du désir, de la connaissance et de la fascination, au mystère plus profond contenu dans ces œuvres à part entières. Il s’agit par-là de creuser des questions liées à l’anatomie de notre inconscient qui incarne nos corps en le reliant au cosmos.
Cette quête poétique se nourrit de la recherche scientifique qu’elle met en écho. Je souhaite mettre en jeu et partager des réflexions sur notre premier cerveau « notre ventre » qui détermine notre sensibilité et nos émotions, dans une danse ou le microcosme et le macrocosme ne font qu’un.

L’équipe

L’équipe de tournée
• Interprétation – Boris Gibé
• Manipulation – Marion Boire
• Régie son, lumière & technique – Olivier Pfeiffer• Régie technique – Julien Lechevin, Mathieu Duval

L’équipe de création
• Conception, scénographie, mise en piste – Boris Gibé
• Regard extérieur – Elsa Dourdet
• Regard chorégraphique – Aragorn Boulanger
• Conseil dramaturgique – Taïcyr Fadel
• Réalisation sonore et programmation informatique – Olivier Pfeiffer
• Violon enregistré – Anne lyse Binard
• Réalisation lumière – Victor Egéa
• Conception culinaire – Julien Lechevin
• Réalisation accessoires anatomiques – Audrey Veyrac, Martin Prieto
• Conception technique et construction machinerie – Florian Wenger
• Conception étincelles – Arnaud Paquotte
• Conception et réalisation électro stimulateur – Metalu.net
• Programmation lampe – Lois Drouglazet
• Conception technique gradin anatomique – Quentin Alart, Armand Barbet, Charles Bédin, Clara Gay-Bellile
• Construction gradin anatomique – Quentin Alart, Adrien Alessandrini, Armand Barbet, Eric Capuano, Thomas Chassagny, Clément Delage, Daniel Ferreira, Baptiste Lachuga, Laurent Mulowsky
• Stagiaires – Ilona Dinis, Lena Bedel, Martina Monnicchi.

Production

Les Choses de Rien

Soutiens

Ministère de la Culture : conventionnement DRAC Hauts-de-France ; Aide au développement – DICREAM ; Aide à la création cirque – DGCA • Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings

Coproductions

Tandem, scène nationale – Arras/Douai ; Les Deux scènes, scène nationale – Besançon ; Le Quartz, scène nationale – Brest ; Le Volcan, scène nationale – Le Havre ; Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles ; Les Théâtres de Compiègne ; Plateforme 2 pôles cirque de Normandie : La Brèche, Cherbourg et Cirque Théâtre d’Elbeuf ; La Batoude – centre des arts du cirque – Beauvais ; Le Printemps des Comédiens – Montpellier ; Cirque Jules Verne Pôle national cirque et art de la rue – Amiens

Accueils en résidence

La Fabrique des possibles – Noailles (60) ; L’académie Fratellini – Saint Denis (93) ; Le Château de Monthelon – atelier international de création – Montréal (89) ; Festival Tempo – kaunas (Lituanie) dans le cadre de Kaunas 2022 capitale européenne de la culture” ; La Brèche, Pôle national Cirque de Cherbourg-en-Cotentin ; L’attitude 50 – Marchin (Belgique) ; Nebia – Bienne (Suisse), Théâtre de la Cité Internationale – Paris